Régulation par les animaux d’alpage

Le bétail estivé peut être un outil extrêmement efficace et efficient pour réguler l'aulne vert.

Choisir l'espèce animale appropriée: En principe, les races extensives (à viande) conviennent mieux que les races intensives (laitières) pour réguler l'embroussaillement. Les peuplements d'aulnes verts ne répondent pas aux exigences alimentaires élevées des animaux à haute production laitière. Les chèvres et les races ovines rustiques comme le mouton d'Engadine sont les animaux les mieux appropriés, car ils ne se contentent pas de manger les feuilles de l'aulne vert, mais se délectent aussi de l’ écorce. Les branches écorcées meurent : des agents pathogènes peuvent pénétrer là où l’écorce a été endommagée et entraîner le dépérissement de l’arbuste entier. Certains alpages qui se sont associés pour utiliser et financer ensemble un troupeau de chèvres (ou de moutons) adapté au débroussaillement rapportent des expériences positives.

Tête de chèvre noire — Les chèvres mangent l'écorce de l'aulne vert et l'endommagent ainsi durablement.

Chèvres parmi les aulnes verts — Les chèvres de montagne rustiques et à cornes conviennent particulièrement bien à la régulation.

Moutons entre de petits buissons d'aulnes verts — Contrairement aux races intensives, les moutons d'Engadine broutent l’aulne vert de manière intense.

Mise à l’alpage précoce: Les feuilles de l'aulne vert contiennent des tanins que les animaux d’alpage n’apprécient pas particulièrement. Or, la teneur en tanin est plus faible dans les jeunes feuilles. C'est pourquoi il est recommandé de mettre les animaux à l’estivage le plus tôt possible, de sorte que davantage de feuilles soient consommées et que l'aulne vert soit plus efficacement endommagé.
Définir des petites parcelles: Avec une pression de pâture élevée, les chèvres et certains moutons (par exemple le mouton d'Engadine) broutent l'aulne vert de manière particulièrement efficace. De plus, le piétinement détruit les plantules d'aulne vert. Il vaut donc la peine d’estiver des chèvres ou des moutons en nombre élevé sur de petites parcelles colonisées par les aulnes verts et ce pendant une période limitée.

Parcelles de pâturage — De petites parcelles et une pression de pâture élevée sont des mesures efficaces pour réguler les aulnes verts avec des animaux d’alpage.

Branches écorcées — Les branches écorcées meurent. Mais ce n'est que si les jeunes repousses sont également broutées pendant plusieurs années que l’arbuste entier s'épuise et finit par mourir.

Charge de travail importante: Clôturer des petites parcelles dans d’anciennes aulnaies vertes prend beaucoup de temps car (au moins la première année) il faut ouvrir des trouées. Mais à long terme, les travaux de clôture dans un terrain difficile peuvent s'avérer payants. En effet, les animaux estivés repèrent et broutent les moindres petites repousses d'aulne vert, ce qui épuise rapidement l'arbuste.
Faire preuve de patience: Même en cas d’abroutissement intensif, l'aulne vert repousse l'année suivante. Ce n'est qu'après trois à cinq ans de pâture régulière que les réserves de l'arbuste sont épuisées et que l’arbuste entier meurt. Lorsque, après quelques années, toutes les branches sont mortes et qu'il n'y a plus de nouvelles repousses, les branches mortes peuvent être éliminées à la tronçonneuse.

Branches mortes de l'aulne vert — Pour que d’autres animaux puissent utiliser les pâturages récupérés, les aulnes verts morts doivent être enlevés.

Tas de branches — Le bois collecté peut être déposé sur des tas de branches ou utilisé comme bois de chauffage.

Les forêts de montagne, un cas particulier

L'objectif de la régulation de l’aulne vert ne doit pas nécessairement déboucher sur la récupération d’une surface pâturable ouverte. Il est également possible de transformer un peuplement d'aulnes verts en forêt. Dans ce cas, il est recommandé d'élaborer avec le garde forestier compétent un concept de promotion ciblée d'arbres pionniers, car la transformation en forêt ne se fait généralement pas d'elle-même. Les arbres forestiers ont besoin de lumière pour germer sous l'aulne vert, n’étant pas compétitifs autrement. Les aulnaies sont des «impasses», pauvres en espèces, qui ne sont pas propices à l'évolution de la biodiversité végétale.

Autrement dit, si l'on veut créer une forêt de montagne, il faut d'abord repousser l'aulne vert. Dans ce cas, les chèvres ne conviennent guère car elles brouteront de préférence les arbres pionniers de la forêt (par exemple le sorbier), l'aulne vert n'étant qu’un deuxième choix. En revanche, le mouton d'Engadine est l'outil idéal pour favoriser une forêt de montagne car il écorce l'aulne vert, mais laisse en grande partie les sorbiers intacts. De cette manière, les arbres pionniers peuvent se développer en une forêt fermée (Nécessité d’agir).